Votre enfant utilise ses deux mains pour dessiner ou écrire ? S’il est en maternelle, pas d’inquiétude : c’est normal.
En revanche, s’il est plus âgé et hésite entre ses deux mains, il peut être utile de vérifier sa latéralité auprès d’un professionnel.
La latéralisation est le processus par lequel se révèle latéralité, c’est-à-dire la dominance fonctionnelle d’une main sur l’autre : l’individu est droitier ou bien gaucher. Ce processus peut être long et se poursuivre jusqu’à l'âge de 6 ou 7 ans.
La latéralité est une organisation neurologique : chez un droitier, l'hémisphère gauche du cerveau prédomine dans l’exécution des gestes, alors que chez un gaucher, c’est l’hémisphère droit qui intervient majoritairement.
L’enfant renforce sa latéralité par ses expériences sensorielles et motrices.
En maternelle, il est donc essentiel de laisser le jeune enfant utiliser ses deux mains : malaxer de la pâte à modeler, faire de la pâtisserie, enfiler des perles, peindre avec les doigts, creuser dans le sable, ramasser des cailloux, lancer une balle… sont autant d’activités à proposer sans modération. C’est la répétition de ces gestes qui va aboutir à la manifestation de la préférence manuelle. L’adulte devra veiller à ne pas influencer le choix de la main (en tendant systématiquement les objets ou en montrant des gestes à reproduire) car un enfant peut être amené à utiliser sa main non dominante par mimétisme.
Au cabinet de graphopédagogie, nous disposons d’un test de latéralité, mis au point par Marguerite Auzias (1), et d’une panoplie d’exercices à proposer à nos élèves pour accompagner le processus de latéralisation. Nous développons leur motricité fine afin de favoriser la dissociation des mains et des doigts. Nous pouvons également travailler la motricité globale du corps, notamment par des mouvements croisés qui sollicitent les deux hémisphères cérébraux.
Fort heureusement, les gauchers ne sont plus contrariés à l’école aujourd’hui. Mais il existe encore des gauchers (et des droitiers) qui s’ignorent !
Il y a seulement 10 % à 15 % de gauchers dans le monde. La société est donc adaptée aux droitiers pour une majorité de gestes du quotidien. Cela peut influencer les gauchers qui sont amenés à utiliser leur main droite.
En cas de doute sur la latéralité, parents et enseignants pourront être attentifs :
• L’enfant a-t-il porté une attelle ou un plâtre ? A-t-il changé de main pour écrire ?
• De quelle main se saisit-il des objets ?
• Quel bras est engagé en premier pour enfiler son manteau ?
• Avec quelle main lance-t-il une balle ?...
Attention : lorsqu’un enfant shoote dans le ballon du pied gauche, cela ne veut pas dire que sa main dominante est la gauche. Il arrive fréquemment que la latéralité soit croisée (pied droit/main gauche, œil droit/main gauche, par exemple).
Des informations importantes sur la latéralité figurent sur le bilan de psychomotricité des enfants ayant été accompagnés par un(e) psychomotricien(ne). Mais tous nos élèves ne sont pas concernés par ce suivi.
Dans nos cabinets de graphopédagogie, en cas de doute sur la main dominante, nous pouvons tester la latéralité de nos élèves.
Le test d’Auzias (1) propose des épreuves de dextérité manuelle et permet de calculer, en 20 étapes, le quotient de latéralité. Pour ne pas être influencé, l’enfant ne sait pas que l’on observe sa latéralité. Nous l’invitons à réaliser des petits jeux d’adresse ou de rapidité. Ils sont en général très appréciés ! Pendant ce test, le parent devra bien sûr éviter tout commentaire sur la main utilisée.
Un quotient de latéralité autour de 0 évoquera une ambidextrie, ce qui signifie que les deux mains sont aussi habiles l’une que l’autre. Une personne ambidextre utilise ses deux mains mais, généralement, chacune est spécialisée dans un type de gestes.
Le test révèle parfois que l’élève n’écrit pas de sa main dominante.
Avoir une main dominante, c’est avoir une main précise, efficace, rapide, qui fonctionne avec un minimum d’énergie. Dans le cas où cette main est « contrariée » pour écrire, l’autre main ne pourra jamais être aussi performante.
Nous pouvons alors proposer une relatéralisation à la famille : nos outils de graphopédagogie nous permettent d’accompagner ce changement en douceur. Le choix de la relatéralisation est toujours laissé à l’enfant en dernier ressort.
Pour certains élèves, la relatéralisation est une vraie libération, les difficultés d’écriture s’envolent !
Il n’est jamais trop tard pour améliorer son écriture et une main dominante, même non encore entraînée, se révèle toujours à terme plus efficace que la main non dominante.
(1) Marguerite Auzias, Enfants gauchers, enfants droitiers, Une épreuve de latéralité usuelle, Delachaux & Niestlé, 1975.